Nasser Al Attiyah est en voie de prendre sur le Dakar une sérieuse option à sa propre succession en devançant largement en temps son dauphin de la saison 2022 Sébastien Loeb. Mais le Français, installé à la 2e position du classement du championnat de cette première manche peut, comme l’an dernier, espérer rester au contact à l’issue de la course.
Chez les T3, Austin Jones est dans la même position que Nasser Al Attiyah pour ses débuts dans la catégorie, poursuivi par ses coéquipiers du clan Red Bull. En T4, Baciuska a su réagir en champion pour arriver à la journée de repos en tête. Mais il va devoir faire face au clan Goczal passé de deux à trois poursuivants.
Chez les camions, le nouveau venu Janus Van Kasteren défie Martin Macik, le champion du monde Kees Koolen est en retrait.
A motos, après les abandons prématurés du champion du monde Sam Sunderland et du vice-champion Ricky Brabec, la nouvelle génération des pilotes de RallyGP se découvre des ambitions. Mais les piliers sont toujours là, le Top 8 se tient dans moins de 8 minutes.
Al Attiyah a la baraka
Nasser Al Attiyah, le champion du monde en titre, surnommé seigneur de désert depuis son quadruplé sur le Dakar est devenu cette semaine le roi de la baraka. Ce bon œil tout oriental qui vous met à l’abri, le Qatari le cultive étape après étape au point de posséder une avance de près de deux heures sur son premier rival au championnat au moment de faire les comptes dans les vestiaires de la journée de repos. Et devinez qui occupe cette place ? Sébastien Loeb, son dauphin en titre ! Oui, Yazeed Al Rajhi est pour l’heure dixième chez les engagés au championnat, loin de son statut de lieutenant de Nasser qui l’a vu terminer sur le podium 2022. Oui, les nouvelles stars engagées sur la saison 2 ont mal débuté l’année. Peterhansel par un abandon. Ses coéquipiers Sainz et Ekström par l’accumulation de nombreuses heures de retard, tout comme Chicherit sur son Prodrive Hunter. Mais, non, rien n’est joué pour le championnat entre Al Attiyah et Loeb ! Le W2RC se jouant aux points distribués à l’issue de chaque manche et non à l’écart au chrono, Loeb reste dans le coup. C’est le scénario de l’an passé à la même époque qui semble se rejouer. Le Français sait que conserver sa deuxième place actuelle au W2RC jusqu’à Dammam et aller chercher le maximum de points au quotidien lui permettrait de rester au contact du pilote Toyota Gazoo Racing au classement.
C’est exactement ce qui s’était produit l’an dernier. Le clan Bahrain Raid Xtreme a déjà dû sortir les calculatrices. Avec 50 points crédités au vainqueur du Dakar contre 40 pour son poursuivant au championnat, l’écart de 10 points peut facilement se combler en la jouant placé en spéciale le plus souvent possible. Le Qatari en a lui aussi conscience. Et les tickets de caisse de la première semaine sont déjà sur la table. Al Attiyah a remporté 3 spéciales et terminé une fois deuxième. Loeb a gagné 2 spéciales, signé 2 deuxième place et 1 quatrième place. Virtuellement à la veille de rentrer sur le terrain de l’Empty Quarter pour la seconde période, les deux adversaires ne sont séparés que par un point en faveur du Qatari. Derrière le « classico » en cours, Martin Prokop dans son Ford, le Chinois Wei Han de Hanwei Motorsports ou encore Mathieu Serradori de Century Racing n’ont pas manqué leur entrée en scène sur le W2RC. Respectivement aux 3e, 4e et 6e rangs au provisoire chez les engagés en W2RC, ils ont mieux traversé les orages de la première semaine que les stars.
Prototypes légers : Austin Power
Transfuge du T4 intégré cette saison à la nouvelle « dream team » 2023 de Red Bull, Austin Jones fait une entrée fracassante dans la hiérarchie établie du T3. L’Américain est passé au travers de pépins mécaniques et possède un matelas d’une épaisseur variant de une à près de trois heures sur ses coéquipiers Seth Quintero, « Chaleco » Lopez et Cristina Gutierrez. Comme en T1, la chasse aux places d’honneur en spéciale est désormais la stratégie de ses poursuivants qui pourraient ainsi limiter la casse. A ce petit jeu, son compatriote de la Red Bull Off-Road Junior Team était passé maître l’an dernier. Mais cette année, c’est le troisième Américain Mitch Guthrie, très loin au général, qui joue les chasseurs de primes avec déjà trois spéciales dans son coffre. Au moment de faire les comptes à Dammam, Guthrie Junior pourrait ne pas être si loin que ça au championnat.
SSV : Baciuska en champion
Rokas Baciuska est le seul représentant de la Red Bull Can-Am Factory Racing engagé en T4. Le tenant du titre 2022 qui avait l’habitude de voir en double les Goczal l’an passé derrière ses lunettes cerclées de métal voit dorénavant triple ! Avec l’entrée en piste d’Eryk, le fils de Marek, les Polonais ont fait de son cas une affaire de famille. Le Lituanien est arrivé à Riyadh en tête du provisoire, mais les Goczal père et fils sont à moins de six minutes. Rodrigo Luppi de Oliveira de chez South Racing Can-Am, un temps en tête de la course est désormais en position de chasseur lui aussi. Grâce à ses bonnes places en spéciale, il peut espérer rester au contact.
Camions : l’autre Hollandais
Martin Macik n’en finit pas de buter sur l’école hollandaise. C’était Kees Koolen en 2022 qui avait fini par lui ravir le titre, c’est Janus Van Kasteren sur la première moitié de ce Dakar ! Le nouveau venu en W2RC mène en effet au classement général ses adversaires de la saison 2. Mais le Tchèque et son Iveco deuxième génération aux couleurs MM Technology n’a pas dit son dernier mot et pointe seulement à 47’’ du parechoc du camion Boss Machinery de De Rooy. Les dunes XXL de l’Empty Quarter seront à la mesure de ce duel des titans. Comme dans les autres catégories, les points récoltés pour les places d’honneur en spéciale devraient atténuer les écarts. Martin Macik a déjà pris une avance au score sur ce terrain.
Motos RallyGP : nouvelle génération
En perdant sur chute coup sur coup le champion du monde en titre et son dauphin, le W2RC 2023 se cherchait d’emblée un nouvel héritier. Sur le papier, Van Beveren le 3e du championnat 2022 annoncé comme l’homme en forme du moment sur sa nouvelle Honda pouvait prétendre à ce rang. Mais c’est la nouvelle génération des pilotes de RallyGP qui a saisi l’occasion de défier les ténors établis. La sensation du 44e Dakar et de la saison 2022 s’appelait Mason Klein. 9e du Dakar 2022, meilleur rookie, l’Américain est devenu la saison passée le premier vainqueur de la coupe du monde Rally2 avant de faire ses débuts dans la catégorie RallyGP sur ce Dakar. Le pilote privé de l’équipe BAS World KTM Racing défraye à nouveau la chronique pour son deuxième Dakar. A 21 ans, il a remporté sa première spéciale du Dakar et s’est même offert les commandes de la course le temps d’une journée. Ouvrant les appétits des outsiders, on a vu cette première semaine du Dakar le retour au sommet de Daniel Sanders, leader durant deux jours, puis de Skyler Howes, la dernière recrue des équipes autrichiennes, aux commandes depuis quatre jours. Sur 8 étapes, 7 ont donc été trustées par des pilotes qui n’ont jamais remporté le Dakar. Une tendance que l’on retrouve au général provisoire avant d’attaquer la deuxième semaine de la première manche. Skyler Howes (Husqvarna Factory Racing) devance pour seulement 13’’ le vainqueur du Dakar 2021 Kevin Benavides (Red Bull KTM Factory Racing), à égalité de temps avec Mason Klein. Derrière ce podium qui se marche sur les bottes, le double vainqueur du Dakar Toby Price est à moins de 2 minutes. En 4e et 5e position, à moins de 3 minutes, c’est le clan Monster Energy Honda qui dispose de deux de ses atouts avec Pablo Quintanilla, 2e du dernier Dakar et Adrien Van Beveren. Daniel Sanders (Red Bull GasGas Factory) et Joan Barreda (Monster JB team) sont à moins de 8 minutes. La nouvelle génération qui a brillé sur la première semaine est loin d’avoir pris le pouvoir du Dakar et du W2RC. Les gros bras sont juste là, prêt à remuer les sables de l’Empty Quarter où leur expérience pourrait faire la différence.
En Rally2, la catégorie se cherchait elle aussi un héritier. Parti dans la cour des grands du RallyGP, Mason Klein laissait vacant sa place. Sur le papier, son dauphin Romain Dumontier et des pilotes qui n’avaient pas participé à l’intégralité de la saison 2022 mais qui y avaient montré de belles aptitudes étaient en lice. Au premier rang desquels Bradley Cox. Mais le pilote BAS World KTM Racing est sorti sur blessure alors qu’il animait la catégorie. Michael Docherty, l’Américain installé aux Emirats qui avait fait parler de lui en dominant les premières étapes de la 2e manche 2022, prenait alors la relève mais partait à la faute avant de calmer le jeu. Romain Dumontier son coéquipier de chez HT Rally Raid Husqvarna Racing domine depuis la catégorie. Contesté régulièrement par Paolo Lucci, l’autre pilote BAS World KTM Racing qui partira aussi à la faute une journée, le Français conserve l’avantage à la journée de repos sur l’Italien pour 16’25’’. C’est son compatriote Jean-Loup Lepan de Nomade Racing qui ferme le podium provisoire à 1h13’48’’.
Chez les quads, le vainqueur du Dakar 2021 Manuel Andujar a décidé de venir conquérir le titre en W2RC cette saison. C’est lui qui domine le classement provisoire de la première manche, mais pour moins d’une minute sur Pablo Copetti et un peu moins d’une heure sur Jurav Varga. Ces deux-là ont l’expérience de la saison 2022 et ont déjà prouvé qu’ils seraient présents à la moindre défaillance de l’Argentin. Laisvydas Kancius, un autre habitué très en verve sur la fin de première semaine a été victime d’une avarie qui le place 4e, trop loin pour espérer revenir dans le match.
