Nommé à la tête des équipes officielles de rallye-raid du groupe KTM depuis le Rallye du Maroc 2023, Andreas Hölzl a connu la réduction des voilures Gas Gas et Husqvarna, avant les retraites de Sam Sunderland, Toby Price et fraîchement Kevin Benavides.
Imperturbable malgré les turbulences économiques qui ont secoué son employeur ces derniers mois, « Andi » et son équipe ont ramené un 20e trophée du Dakar à Mattighofen en janvier dernier grâce à Daniel Sanders. Vainqueur des deux manches suivantes, « Chucky » est invaincu depuis 3 manches, le nouveau record en RallyGP. Luciano Benavides, 2e RallyGP du général, permet aux « orange » d’occuper la tête du classement des constructeurs.
Retour avec un ingénieur de formation, très discret, sur les coulisses de ce début de saison 2025 qui pourrait aboutir à la première victoire en RallyGP et en constructeurs de KTM en W2RC.
Quel est votre parcours au sein du groupe KTM ?
« Je suis un employé de KTM depuis plus de 20 ans maintenant. Avant l’équipe de rallye-raid, j’ai dirigé celle de Husqvarna en enduro et j’ai participé en 2009 au Dakar avec un camion de course. J’ai aussi toujours été en relation étroite avec l’équipe de rallye et le précédent manager. L’adaptation a donc été rapide. »
Fin 2023, votre nomination coïncide avec le lancement d’une nouvelle moto de course qui n’a pas brillé immédiatement…
« 2024 a été une année difficile. Nous avons manqué de loin la victoire sur le Dakar. Mais avec l’expérience, le savoir-faire et la technologie d’une telle équipe, il a été possible de développer une moto en un an qui rende les pilotes satisfaits. La collaboration entre l’équipe technique et les pilotes a été remarquable et à la fin le travail a fini par payer. En rallye, il faut un esprit collectif, c’est la seule façon de rendre les choses possibles. »
Est-ce que la victoire sur le Dakar 2025, dans un contexte économique difficile pour KTM, a changé des choses pour le futur de l’équipe ?
« Indéniablement. On a montré que malgré les difficultés on continuait à avancer. On est une équipe de travailleurs qui trouve toujours les solutions. Il était question de passion, d’enthousiasme pour toute l’entreprise. C’était une victoire nécessaire. Nous avions les bons pilotes, la bonne équipe, mais c’est eux qui l’ont fait. Ils ont su comprendre l’importance que cela avait de supporter KTM. C’était une belle victoire, super importante à cette période et qui va nous accompagner longtemps et nous aider dans notre image « ready to race ».
« Il ne faut pas croire que tout se joue sur la course. Il faut bien faire ses devoirs pour réussir le jour de l’examen »
Daniel Sanders semble intouchable depuis plusieurs mois, quelle est la clé de cette domination ?
« C’est un gros travailleur et quelqu’un qui réfléchit. Il a changé beaucoup de choses dans son approche de la course depuis le Rallye du Maroc 2024 pour lequel il s’est mis à demander les réglages parfaits, à aller chercher des détails, à faire son possible pour les obtenir. On a été beaucoup à son écoute pour l’aider. La clé, c’est la préparation. Il ne faut pas croire que tout se joue sur la course. Il faut bien faire ses devoirs pour réussir le jour de l’examen. Daniel a toujours été un gros travailleur, il a toujours été super rapide dans le désert, mais maintenant que tout est bien prêt pour le jour de la course, ça lui réussit. »
Kevin Benavides a annoncé récemment son retrait de la compétition. Sera-t-il prochainement remplacé ?
« Kevin avait une approche très professionnelle, il nous a beaucoup apportés et nous lui en sommes reconnaissants. C’était un gros travailleur et il a tout essayé pour revenir au premier plan. Gros respect. La nouvelle génération est en train d’arriver avec des juniors comme Edgar Canet en qui nous décelons un gros potentiel. L’équipe BAS qui l’a accompagné et spécialement Bart son manager, ont fait un excellent travail. Nous allons continuer à travailler en étroite collaboration avec cette équipe satellite. Notre composition va pour le moment rester à trois pilotes. Cela fonctionne bien ainsi et il n’y a pas tant de pilotes que cela disponible sur le marché, les autres marques le reconnaissent aussi. On va continuer en misant sur la qualité plutôt que la quantité. »
Quelles sont les évolutions que vous souhaiteriez voir sur le championnat ?
« Je dois dire que le W2RC fait actuellement un bon travail. Les road books sont préparés comme il faut, les épreuves sont confiées à des bonnes organisations et le sport reçoit une belle promotion. Le calendrier est un bon mélange. En Afrique du Sud, on a vu un rallye complètement différent de ce à quoi on était habitué dans le désert. Les pilotes ont dû changer leur façon d’aborder une course, il était difficile de naviguer, c’était une nouvelle histoire dans le livre du rallye-raid. Je suis content de faire partie de la caravane et je suis reconnaissant pour la bonne organisation et promotion qui permet de présenter notre marque et nos pilotes de la bonne manière. On est là pour représenter un sport qui est incroyable et pour offrir la possibilité à nos clients de le pratiquer à nos côtés. »