J-1 avant le prologue du South African Safari Rally, la première épreuve de l’histoire du W2RC à se disputer dans la savane africaine à travers 2 641 km dont 1 222 km chronométrés.
A l’issue des vérifications administratives et techniques, 95 véhicules ont été autorisés à prendre le départ de la course demain. 70 sont engagés sur le W2RC. Parmi les 29 FIA du championnat, 17 sont en Ultimate, 7 en Challenger et 5 en SSV. Parmi les 41 FIM automatiquement placés sous l’égide du W2RC, 9 sont des motards RallyGP, 28 des Rally2 et 4 des Quads.
Les pistes d’entrainement prévues par l’organisation ont permis durant deux jours aux nombreux pilotes qui découvrent l’Afrique du Sud d’avoir un avant-goût de ce qui les attend. Les pilotes locaux, avantagés par leur connaissance du terrain, sont les adversaires désignés des leaders du W2RC.
Dès demain à partir de 13h (UTC + 2), la traque chronométrée va débuter avec le prologue, à suivre en direct sur le Race Center de la course ICI. A partir de 19h, les 10 plus rapides choisiront leurs places de départ dans l’étape 1 de mardi.
Le bivouac en dur planté à l’entrée du complexe hôtelier de Sun City a déjà plongé les équipes dans le monde du safari qui les attend. Dans les acacias qui offrent de l’ombre aux visiteurs, les singes guettent la moindre occasion pour emporter un souvenir du W2RC !
FIA : « Bush bars » obligatoires ! Partenaires de la course, les Toyota Gazoo Racing South Africa sont à la maison et les Hilux de Saood Variawa et Guy Botterill se sont présentés aux vérifications techniques recouverts d’une peinture beige unie en clin d’œil au coloris des traditionnels Land Cruiser de safari conçus pour se fondre dans la savane. Les autos du bivouac ont toutes revêtues des drôles de protection tubulaires de parebrises qui partent de l’avant du capot et remontent sur le toit afin de faire glisser les branches par-dessus les véhicules. Un accessoire indispensable en Afrique du Sud dénommé ici « bush bars ». De quoi donner la mesure de la végétation qui attend les larges T1+, particulièrement envahissante suite aux récentes pluies.
Sur les parcours d’essais d’avant course autorisés, les concurrents ont également découvert et pratiqué une autre particularité locale : la faible largeur des traces des pistes créées par les véhicules des fermiers locaux et les clôtures des exploitations agricoles qui les longent et qu’ils vont raser de près. Les habitués ont prévenu : le plus rapide ne sera pas forcément le vainqueur de la course, ce sera plutôt celui qui passera au travers des pièges spécifiques du pays. Dans l’exercice, Nasser Al Attiyah a une statistique à défendre (lire Le saviez-vous ?).
Avantagés par leur connaissance du terrain, les pilotes sud-africains se trouvent malgré tout eux aussi face à quelques nouveautés : le format de cinq étapes, bien plus long que les deux jours habituels de leur championnat national, agrémenté qui plus est d’une étape marathon mercredi prochain. Et il va aussi s’agir pour eux de l’heure de la reprise. Le SARRC (South African Rally Raid Championship), composé de sept courses, n’a toujours pas commencé, reporté en juin en raison des fortes pluies des semaines passées.
FIM : Du désert à la savane Chez les motards, la scène locale est moins développée qu’en auto, les deux roues ne partageant pas le championnat local avec les voitures. Les Sud-Africains ont beau être majoritaires sur la course (lire Le saviez-vous ?) ils sont bien moins nombreux que leurs homologues protégés par des carrosseries. L’explication principale est assez simple, elle tient notamment dans le détail technique précité : l’habitacle de protection.
En Afrique du Sud, le safari est l’activité touristique reine. Les motards ont d’ailleurs profité des heures libres entre les tests et les vérifications pour s’offrir ce que l’on nomme ici un « game drive », une sortie avec un guide local en auto qui vous emmène, lorsqu’il est talentueux et chanceux, à la rencontre des « big five », les cinq animaux de la savane les plus remarquables dont font partie les lions. Voir le plus d’animaux sauvages est donc le but du jeu d’un safari... mais pas du South African Safari Rally ! A partir de demain, les motards vont avoir le souhait opposé. Celui d’en croiser le moins possible en piste afin de rester concentré sur la navigation qui sera inédite dans la savane où les repères habituels du W2RC seront souvent absents. Ross Branch (Hero MotoSports), numéro un mondial en titre et voisin du Botswana, ainsi que les locaux Bradley Cox, néo officiel Sherco et Michael Docherty (BAS World KTM Racing), récent vainqueur en Rally2 de la manche à Abu Dhabi, ont l’avantage de savoir ce qui les attend. Les déclarations des deux premiers sont riches d’enseignements…
LE SAVIEZ-VOUS ?
FIA : Al Attiyah roi des premières Depuis 2022, Nasser Al Attiyah a systématiquement remporté les manches de W2RC auxquelles il participait pour la première fois : Sonora Rally et Desafío Ruta 40 en 2023, BP Ultimate Rally Raid Portugal en 2024. Le South African Safari Rally serait son 4e essai transformé s’il venait à le remporter… FIM : 20 % de motards sud-africains Parmi les 41 motards autorisés à partir, 8 sont de nationalité sud-africaine. L’Argentine et la France enregistrent la moitié de ressortissants (4). Les États-Unis, le Chili et l’Inde ont 3 représentants chacun. Pour la « rainbow nation », comme pour le continent africain, c’est une première d’être les plus représentés sur une course du W2RC.
DÉCLARATIONS :
Henk Lategan (Toyota Gazoo Racing), champion SARRC en titre : « Je suis vraiment heureux de revenir dans une auto de course. Je tiens à remercier Toyota Europe et Overdrive Racing. J’ai repris seulement le volant il y a deux jours, cela fait depuis le Dakar que je n’ai pas piloté et j’avais un énorme sourire avant-hier. J’aime beaucoup le type de pistes et de course qui nous attend mais je ne pense pas que ma connaissance du terrain soit un gros avantage, la stratégie va jouer un rôle important comme au Dakar. C’est une région très piégeuse et on peut vite se retrouver au mauvais endroit au mauvais moment. Mais je crois en moi, j’ai une bonne voiture et un bon état d’esprit, donc j’ai de bonnes chances. »
Lucas Moraes (Toyota Gazoo Racing), premier rallye-raid en Afrique du Sud : « Je suis content que l’on passe des dunes d’Abu Dhabi à ce type de terrain, cela va changer. Je pense que cela va être une course difficile pour toute le monde où il sera facile de commettre une erreur et de heurter un obstacle sur les côtés car les voitures sont très larges, conçues avant tout pour les déserts ouverts. Ici, c’est très serré, comme cela peut être le cas au Brésil dans certaines régions. J’espère que cette expérience va m’aider. »
Sébastien Loeb (The Dacia Sandriders), premier rallye-raid en Afrique du Sud : « On a roulé sur une base d’essais et sur le « shakedown » où l’on a découvert des pistes qui se sont révélées très rapides, très étroites pour nos voitures le long des clôtures, avec des carrefours cachés que l’on ne voit jamais arriver en étant à 150 km/h. C’est facile de dépasser une intersection, et en face ce n’est pas toujours bien. Il va falloir être vraiment calé dans les notes pour ne pas se faire surprendre. Je m’attendais à des pistes aux courbes plus naturelles, là c’est vraiment à l’équerre. Mais on n’a découvert 25 km de pistes locales, cela ne devrait pas être tout le rallye comme ça. L’objectif est de prendre la mesure du terrain et on verra bien. »
Nasser Al Attiyah (The Dacia Sandriders), leader du championnat et roi des premières fois : « Je pense que le rallye va proposer des conditions difficiles. Comme tout nouveau rallye, il faut prendre les jours 1 et 2 pour comprendre le terrain, d’autant que le marathon va débuter dès l’étape 2 et qu’il faut arriver au soir de la 3 au contact des autres concurrents avant d’attaquer les deux derniers jours. Ce qui est important pour moi, c’est de repartir avec des points pour le championnat, même si on est venu ici pour gagner ! »
Carlos Sainz (Ford M-Sport), premier rallye-raid en Afrique du Sud : « Nous avons essayé ces derniers jours de comprendre ce qui nous attendait, mais pour le moment nous sommes dans l’expectative. Nous avons essayé de régler la voiture au terrain du shakedown, mais je ne sais pas à quoi m’attendre les prochains jours. Dans un pays dans lequel je n’ai jamais couru, c’est un double mystère. Mais en rallye-raid, cette situation est commune, on ne sait jamais ce que nous réserve la journée qui se présente. »
Mathieu Serradori (Century Racing SRT), déjà couru sur le SARRC : « Je roule depuis 2020 pour Century qui est implanté à Johannesburg. On a déjà participé à une manche du championnat national. La nature du terrain était très différente de ce que l’on connait avec de la terre rouge, parfois très ouvert avec des portions en 5e ou 6e vitesse, parfois serré avec de la végétation, des branches basses où le kit safari prend tout son sens et où le jeu de navigation est incroyable et peut se révéler piégeux. Il ne faut pas sous-estimer les pilotes du championnat national, on l’a vu sur le dernier Dakar avec des pilotes comme Lategan ou Botterill. De mon côté, je vais pouvoir m’appuyer sur mon coéquipier Brian Baragwanath qui a à cœur de bien faire. »
Puck Klaassen (GRally Team), seule locale de la catégorie Challenger : « J’ai participé à trois manches du championnat national l’an dernier, je suis accoutumée à quelques régions mais pas toutes celles que nous allons traverser. Je pense que nos Challenger vont être compétitifs car le tracé va être technique et très serré pour les T1+. Même si je n’ai participé qu’à quelques courses locales, cela m’a ouvert les yeux sur la difficulté et la variété des terrains qui nous attendent. Ma famille sera là aussi pour certains pour la première fois, j’espère réaliser une belle course. »
Alexandre Pinto (Old Friends Racing), leader en SSV : « La priorité est le championnat. Nous n’avons pas un avantage de points suffisant pour maîtriser nos adversaires. Mais après cette manche, nous serons chez nous au Portugal. S’il y a une course où nous pouvons creuser un écart, je ne pense pas que ce soit ici. »
Ross Branch (Hero MotoSports), champion du monde RallyGP presque local : « Je suis content d’accueillir tout le monde en Afrique australe, c’est ma maison, c’est là que j’ai appris à courir en tout terrain et je suis fier d’être ici avec le numéro un sur la moto. Tout le monde peut gagner. La vie sauvage avec beaucoup d’animaux dans le bush dense où l’on ne les voit pas facilement, la variété des terrains, parfois dans la même journée, voilà les enjeux. Beaucoup de facteurs peuvent vous exclure de la course. Ouvrir ne sera pas facile, mais il va aussi y avoir beaucoup de poussière, donc la stratégie va aussi entrer en jeu. La première chose à faire est de réaliser un bon prologue pour choisir une bonne position de départ pour l’étape 1. »
Bradley Cox (Sherco TVS Rally Factory), héros local : « Mon but était d’intégrer une équipe officielle. Sherco est venu vers moi juste après le Dakar alors que j’étais blessé et en plus avec une bonne offre sur laquelle j’ai sauté car il n’y a pas beaucoup de guidons officiels. C’est très excitant car j’ai roulé KTM toute ma vie, jamais sur une autre moto. C’est un gros changement. Rouler à domicile n’est pas tellement un avantage car nous n’avons pas trop de motos en course en Afrique du Sud, mais on connait le terrain et on sait comment s’y adapter. Je vais avoir beaucoup de supporters. Rien que de Durban, une centaine ont fait le déplacement ! On va essayer de tirer avantage d’être supporté comme ça à domicile. »
Daniel Sanders (Red Bull KTM Factory Racing), leader du championnat RallyGP né dans le bush australien : « De ce que j’ai pu voir ces derniers jours, le terrain peut ressembler à ce que l’on a dans le centre de l’Australie avec de la terre rouge-orange. J’ai l’expérience de tous les types de terrain grâce à mon passé de compétiteur dans le monde entier. Je pense que le terrain va être très varié avec de la terre noire, du sable, du sol orange, peut-être des pistes glissantes. Cela devrait être un mix et au test on a essayé de trouver les meilleurs réglages pour être polyvalent et trouver la traction. On ne devrait pas avoir besoin de trop de stabilité à haute vitesse. Mais on ne sait pas à quoi s’attendre, c’est différent de tout ce que l’on a connu jusqu’à présent sur le W2RC, cette manche s’annonce unique, nouvelle et excitante pour tous. »